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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 14:01

 

Bien gérer son image

Prendre de conscience de l’image qu’on projette et agir pour la rendre plus vraie.

Christian SOLEIL

 



L'image de soi. On y pense particulièrement au stade où l'on sent que l'image professionnelle est importante, pour les autres. Comment gérer son image de soi ? Comment l'image que l'on renvoie aide-t-elle dans la confiance en soi ? Ce dossier vous propose 3 conseils à contre-courant pour gérer son image professionnelle.

 

Gérer son image de façon professionnelle, c’est se demander constamment  les autres nous perçoivent.

 

Gérez-vous bien votre image ? De façon professionnelle ?

 

Les pensées négatives

 

Vous pensez que l’image de soi, ça n’a pas d’importance ? Que vous avez assez confiance en vous pour ne pas vous focaliser sur une question aussi anodine ? Alors vous gérez probablement mal votre image.

 

Le vrai visage

 

Gérer son image, c’est prendre soin à être perçu par les autres comme on est vraiment. Sans les distraire par des détails qui modifient leur perception. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas en se faisant remarquer que l’on est perçu selon son vrai visage.

 

3 conseils essentiels

 

            1. Rester soi-même avec les personnes importantes :

 

Les personnes importantes sont difficiles à atteindre. Il faut commencer par obtenir leurs contacts, ce qui est bien difficile. Ensuite, il faut essayer de les joindre sachant que ces personnes sont très occupées (au moins autant que vous). Pour améliorer les chances de succès, il reste encore à se faire présenter par une tierce personne que nous connaissons avec la personne importante.

 

Les enjeux prennent immédiatement des proportions très importantes : on dépense beaucoup de temps pour se faire présenter ou pour obtenir les contacts. Ensuite, on est tentés d’accepter toutes sortes de concessions qui rendent le début de la relation très déséquilibré : ne pas pouvoir choisir la date et le lieu, devoir voyager pendant xx heures pour une rencontre d’une heure, etc.

 

Cela crée des situations dans lesquelles on se sent d’emblée inférieurs puisqu’il a été très difficile ne serait-ce que de pouvoir joindre la personne importante.

 

Cette image reflète-t-elle vraiment la propre image que vous avez de vous même ? Est-ce vraiment vous, au final ? Est-ce que le temps passé en vaut la chandelle ?

 

Existe-t-il des moments, des lieux et des occasions qui ne permettraient pas de rencontrer les personnes importantes des conditions plus favorables pour la relation ?

 

Avoir conscience de sa propre image même avec des gens très importants, c’est un grand pas pour gérer son image de soi.

 

            2. Se comparer avec les perdants :

 

Le travail est très souvent question de perception. Une étude récente montre que si les gens pensent que vous êtes quelqu’un de bien, alors ils perçoivent votre travail comme bon. Et l’inverse est vrai : si les gens ne vous aiment pas, ils perçoivent votre travail comme mauvais. Même si vous êtes un génie !

 

Donc, il est important de communiquer sur les bonnes nouvelles, les événements et ce que vous  faites au travail qui font de vous quelqu’un de méritant… selon des points de référence que vous partagez avec les personnes concernées.

 

Le problème ici est de trouver le juste milieu entre se positionner comme une superstar… et se sentir bien avec le travail accompli. L’autosatisfaction, c’est pour les perdants. Le perfectionnisme aussi…

 

Une autre étude américaine s’est intéressée aux résultats des Jeux Olympiques. Elle montre que les gens qui ont gagné une médaille de bronze sont plus heureux que ceux qui ont gagné la médaille d’argent. La raison est que les médaillés d’argent se comparent aux médaillés d’or. Alors que les médaillés de bronze se comparent à tous ceux qui n’ont même pas eu de médaille.

 

Si vous vous comparez à des personnes qui ont un niveau en dessous du vôtre, au travail… et que vous sentez que le travail marche bien pour vous, alors vous serez plus heureux. C’est trivial… sauf qu’il faut savoir que les gens heureux travaillent mieux. Même mieux que les personnes importantes.

 

Cette seconde étude se conclut de cette façon : être joyeux, ce n’est pas un trait de caractère, mais un talent. Il faut trouver le juste milieu entre le travail accompli et la satisfaction que l’on a de ce travail. Cela montre que la satisfaction au travail est plus mentale que matérielle. Pour caricaturer, on peut être insatisfait d’un très bon boulot, ou très satisfait d’un travail mal fait.

 

N’hésitez donc pas à reconnaître vos succès, et votre satisfaction en pensant à ce juste milieu. De cette façon, il sera plus simple et plus naturel de faire reconnaître vos qualités sans donner de fausses impressions.

 

Pour la plupart des gens, cela signifie se comparer avec les mauvais. Pourquoi pas, tant que vous continuez à vous améliorer et que vous restez les pieds sur terre.

 

            3. Dépenser de l’argent pour son image :

 

Vous avez sans doute entendu parler du scandale de la colistière de John McCain aux élections présidentielles américaines. Sarah Palin a dépensé 150.000$ en nouveaux vêtements. Si vous ne comprenez pas pourquoi elle a besoin de ces vêtements, vous ne dépensez probablement pas suffisamment pour votre propre image.

La clef pour savoir combien d’argent dépenser pour l’image de soi est de savoir combien les gens paient pour cela. Si vous avez ce chiffre, alors vous avez vos limites. J’ai été surpris il y a quelques années par une amie qui se lançait dans la création d’une entreprise. Nouvelle coupe de cheveux, nouveaux vêtements, très propre sur elle. Elle m’a dit qu’elle avait changé sous les conseils de… son banquier. En version courte, il lui a dit qu’elle n’avait pas un “look de chef d’entreprise“.

A posteriori, il avait raison ; et la personne que j’avais en face de moi portait les codes d’une chef d’entreprise tout en étant restée elle-même.

Image de soi : l’habit fait le moine

Qu’on le veuille ou non, l’adage “L’habit ne fait pas le moine” est complètement faux. Surtout lorsqu’on crée ou qu’on dirige son entreprise ou quand on est manager au sein d’une entreprise. L’adage le plus correct pour refléter cette différence de perception serait “on vit sur la même planète, mais on n’est pas dans le même monde“.

Si vous allez voir un banquier, pour être 100% crédible à ses yeux, vous devez vous habiller au moins aussi bien que lui. Il en est de même pour un client potentiel.

Nous sommes d’accord, ce n’est que de l’apparence. Vous n’avez pas besoin de vous habiller chic pour savoir ce que vous valez. Ce que vous valez vraiment n’est pas contenu dans le prix de votre coupe de cheveux.

Toutefois, si vous voulez appartenir à un certain niveau, vous devez payer ce que les autres personnes paient pour être à ce niveau. Le travail, c’est comme un club. La bienséance fait que l’on appelle ce club un “milieu professionnel”. Vous êtes jugé et catalogué avant même d’avoir pris la parole. Si votre apparence, si votre image de soi correspond aux codes de ce club, alors vous pourrez en faire partie. Sinon, non.

C’est encore plus vrai en cas en période de crise. Si un marché ou une économie se casse la figure, vous vous rapprocherez naturellement, inconsciemment des personnes qui ne semblent pas souffrir de difficultés financières. Il en est de même pour chacun de nous.

 

En conclusion : 3 conseils rapides pour gérer son image professionnelle Pour conclure, gérer l’image de soi c’est… :

 

Accepter d’être jugé sur son apparence avant tout, même si cela ne nous convient pas

Trouver le juste milieu entre autosatisfaction/perfectionnisme et être satisfait d’un travail à sa juste valeur

Considérer qu’on peut vivre dans un monde différent tout en étant sur la même planète… et qu’il faut se conformer à certains codes pour appartenir à un monde…

… tout en restant soi-même…

 

Méthodologie

 

1. Demander à ses amis ou « contacts amicaux » de nous dire sincèrement quelle a été leur première image de nous (avec des mots neutres si possibles) ;

2. Faire la synthèse des avis collectés et analyser les implications positives et négatives de l’image projetée ;

3. Définir l’image que l’on voudrait donner : comme on le ferait pour définir le positionnement d’un produit ou d’une marque, c’est-à-dire en tenant compte de la crédibilité de l’image à projeter (correspond-elle à une réalité perceptible par ailleurs : niveau d’études, pratiques personnelles, comportement général, etc. ?), de l’attractivité de cette image (correspond-elle à une attentes de nos clients, de nos collaborateurs, de nos partenaires ?), du caractère distinctif (est-ce bien là le reflet de ma personnalité ou une image idéalisée et standardisée ?) et de la durabilité de cette image (pas question de changer d’image tous les lundis : la schizophrénie fait peu d’émules…) ;

4. Lister les points à travailler sur l’image proprement dite, et surtout la première image : cela concerne la coiffure, le rasage, la qualité de la peau, le style vestimentaire (en rapport avec les pratiques personnelles : voiture qui froisse, change nécessaire si l’on part pour la journée, etc.) ;

5. Fixer un budget et un « timing » et définir qui fait quoi : que faire soi-même, que confier à un coiffeur, un institut de beauté, une relookeuse, etc.

 

 Christian Soleil

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 13:41

2.       MAÎTRISER LA PHRASEOLOGIE

 

Si les mots constituent le matériau avec lequel vous habillez les idées, leur usage nécessité évidemment une certaine coupe et un certain style. Votre coupe et votre style, bien sûr. C’est pourquoi une bonne connaissance de la grammaire et de la syntaxe d’une part, et une sélection adroite des mots sont des fondements absolument nécessaires à une bonne expression écrite ou orale.

1.       Grammaire

Tout orateur  ou rédacteur devrait maîtriser correctement la grammaire de la langue qu’il emploie. Si cela n’est pas le cas parce que l’enseignement élémentaire qu’on lui a prodigué à l’école était inadapté, il va devoir améliorer ses bases rapidement. S’il existe des ouvrages de grammaire rédigés pour les écrivains, il est en revanche bien plus difficiles d’en trouver adaptés pour les orateurs.

Bien sûr, la grammaire est la grammaire, et les règles sont censées être les mêmes à l’oral qu’à l’écrit. Pourtant les techniques d’écriture et de prise de parole sont sensiblement différentes. L’écrivain peut sélectionner et modifier les mots à loisir. L’orateur est contraint de se reposer sur des effets rapides et immédiats. Il doit trouver sans avoir le temps d’y réfléchir le mot qui traduira le plus exactement son idée tout en communiquant un sentiment ou une émotion adaptée à sa personnalité, à l’atmosphère du moment, à la qualité de perception de son public. Il lui revient la tâche extrêmement complexe de prononcer un discours éclairant autour d’une idée neuve en des mots colorés.

Le but de l’orateur est d’impressionner le public avec ce qu’il dit plutôt qu’avec comment il le dit. La grammaire doit être automatiquement correcte : il n’a pas le temps de la penser. On peut lui pardonner ici ou là un élan d’enthousiasme provoquant un usage ponctuellement douteux de la syntaxe parce que l’esprit créatif, dans le feu de l’action, l’a considéré comme secondaire face à la force de l’idée à communiquer. Mais cela doit rester l’exception.

Il ne s’agit pas de dire que vous pouvez parler de manière incorrecte, mais de convenir que la force d’une idée et la sincérité de l’orateur peuvent couvrir d’assez nombreuses fautes mineures. Pour autant, si vous avez des lacunes lourdes en grammaire, je ne saurais trop vous enjoindre à entreprendre quelques révisions. Les ouvrages à ce sujet ne manquent pas, même si, je le disais il y a un instant, ils sont souvent plus adaptés à l’écrit qu’à l’oral.

Quelques conseils pratiques cependant pour ceux notamment qui, malgré une maîtrise courante de la langue, continuent de faire quelques erreurs fréquentes, à  l’oral ou à l’écrit. Que surveiller en priorité, et comment améliorer son style verbal ou rédactionnel ?

Utiliser des verbes précis

Première chose : les verbes. Prenez l’habitude d’employer le plus possible des verbes précis, car ils donnent de la nervosité à la phrase et en facilitent la compréhension. Au besoin, faites-vous des listes de verbes d’action dans votre carnet pour améliorer votre style. Ainsi, plutôt que des verbes « flasques » comme « faire », ou « voir », utilisez des verbes comme :

Pour « faire » : « réaliser », « entreprendre », « émettre », « effectuer », « constituer », etc.

Pour « voir » : « déceler », « remarquer », « constater », « analyser », « étudier », etc.

En clair, si vous sentez, dans votre auto-analyse, que vous employez trop souvent un même verbe dont le sens est un peu trop « caméléon », faites sur ce terme un travail de recherche de synonymes comme nous l’avons « vu » -tiens, encore lui ! – au chapitre précédent, et procédez à l’intégration progressive des termes nouveaux pour enrichir votre langage.

Supprimer les expression inutiles

Le discours peut parfois être inutilement alourdi par des expression inutiles qui empêchent l’idée d’accéder directement au public. Ainsi : « Je suis devenu un spécialiste dans le domaine des finances publiques. » Il sera plus simple et plus clair de dire : « Je me suis spécialisé dans les finances publiques » ou « Je suis spécialiste des finances publiques. »

De manière générale, pour prolonger cette idée d’aller au plus simple quand cela favorise une meilleure et plus dense communication de la pensée, il vaut toujours mieux un mot bref, connu de tous et clair, qu’un mot plus long, moins connu et éventuellement ambigu. Par exemple, « vite » est meilleur que « rapidement » ; « sens » est meilleur que « signification » ; « très » est meilleur que le long et douloureux « extrêmement » - il est vrai que de nos jours on le remplace encore par « excessivement », ce qui donne des horreurs.

Evitez aussi les longues périphrases, mais cela devrait diminuer si vous faites le travail suggéré au chapitre précédent sur le vocabulaire. Ainsi, « une somme portée en diminution de mon compte » s’appelle « un débit » : tellement plus clair, plus net et plus simple ! « Ignorer » est plus vif que « Ne pas connaître », etc., etc.

Remplacer les subordonnées relatives

Les subordonnées relatives ne sont pas des erreurs ni des fautes. Elles structurent la langue française et sont très utiles. Mais à l’oral, la meilleure compréhension s’obtient par des phrases courtes et/ou fluides. Alors le plus souvent, mieux vaut remplacer les subordonnées par des noms, des adjectifs qualificatifs, des participes passés, des adjectifs possessifs, des infinitives, voire de simples appositions. La compréhension, même quand ce procédé ne raccourci pas la phrase, est améliorée grâce à la meilleur fluidité de la ligne.

Par exemple :

-          « La dame dont le chien est noir… » devient « La dame au chien noir… » ;

-          « Le dernier voyage que vous avez fait… » devient « Votre dernier voyage… » ;

-          « … dont nous ne sommes pas responsables » devient « … indépendants de notre volonté » ;

-          « Ces lenteurs administratives que nous déplorons… » devient « Ces lenteurs administratives regrettables… » ;

-          « Stéphane Gonzales, qui est un important agent… » devient « Stéphane Gonzales, important agent… » ;

-          « Je ne peux pas vous garantir que cet ouvrage est disponible. » devient « Je ne peux pas vous garantir la disponibilité de cet ouvrage. »

De quelques incorrection fréquentes

Surveillez aussi les pléonasmes : certains sont très fréquents et font sourire, ce qui perturbe votre communication :

-          « Descendre en bas » ;

-          « Monter en haut » ;

-          « Des perspectives d’avenir » ;

-          « Comparer ensemble »…

Ce qui est dit une fois clairement a sans doute besoin d’être répété malgré tout pour être bien assimilé, mais peut-être pas aussi vite.

De même pour les solécismes :

-          « Aller au coiffeur » pour « Aller chez le coiffeur » ;

-          « Partir en Italie » pour « Partir pour l’Italie » ;

-          « A proprement dire » pour « A vrai dire » ou « A proprement parler » ;

-          « Nous sommes placés devant une double alternative : accepter ou refuser » pour « Nous sommes placés devant une alternative : accepter ou refuser » ;

-          « De manière à ce que » pour « De manière que » ;

-          « Lire sur le journal » pour « Lire dans le journal » ;

-          « Pallier à un inconvénient / un problème / une difficulté » pour « Pallier un inconvénient / un problème / une difficultés » ;

-          « Avoir convenu de » pour « Être convenu de » ;

-          « En égard à » pour « Eu égard à » ;

-          « A notre dépens » pour « A nos dépens » ;

-          « Je vous serais gré » pour « Je vous saurais gré »…

Ou encore les barbarismes et anglicismes :

-          « Suite à » pour « A la suite de » ;

-          « Solutionner » pour « Résoudre » ;

-          « La parution d’un livre » pour « La publication d’un livre » ;

-          « Conséquent » pour « Important » ;

-          « Excessivement » pour « Extrêmement » ;

-          « Briefing » pour « Réunion préparatoire » ;

-          « Lasser de » pour « Laisser de » ;

-          « D’avance » pour « Par avance » ;

-          « Par contre » pour « En revanche » ;

-          « Listing » pour « Liste » ou « Fichier »…

Ou enfin les confusions de paronymes :

-          « Effraction » et « Infraction » ;

-          « Acceptation » et « Acception » ;

-          « Incident » et « Accident » ;

-          « Passager » et « Passant » ;

-          « Attention » et « Intention » ;

-          « Notable » et « Notoire »…

Il faudrait également parler :

-          des expressions employées à tort ou à travers, comme « faire long feu » qui signifie « durer le temps d’un éclair », donc, en gros, « ne pas durer », et non l’inverse comme on le croit parfois ;

 

-          des problèmes du genre méconnu de certains mots comme « réglisse »,  « camée », « ail », « apostrophe », « acrostiche » et tant d’autres ;

 

-          du genre très changeant des mots « amour », « orgue » et « délice » qui sont masculins au singulier mais deviennent féminins au pluriel ;

 

-          de la spécificité du mot « gens » qu’on accorde au féminin dans la partie de la phrase qui précède le mot, et au masculin dans la partie qui suit – « Instruites par l’expérience, les vieilles gens sont parfois soupçonneux » ;

 

-          de la particularité du mot « œuvre », féminin quand il désigne un tableau, un livre, une action artistique unique – « La Joconde est l’œuvre la plus célèbre de Léonard de Vinci » - mais masculin quand il désigne l’ensemble des travaux d’un artiste ou l’ensemble des actions d’un politique – « L’œuvre accompli par Alexandre le Grand est un des plus ambitieux, des plus grands et des plus nobles que notre civilisation ait connus » - ;

 

-          de celle du mot « espace », masculin dans le cas général mais féminin aussitôt qu’il désigne, en typographie, l’intervalle entre deux caractères – « il faut rajouter une espace entre ces deux mots » - ;

 

-          rappeler que la locution « après que » appelle l’indicatif et non le subjonctif puisqu’elle précède une action passée donc connue et, partant, certaine, alors que le subjonctif est le temps de l’irréel : « Longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues, » chantait Charles Trenet qui pensait à Jean Cocteau mais qui aurait pu parler de lui.

 

-          Rappeler que « succéder » ne prend pas de « s » à la forme pronominale – « Les examens se sont succédé » - parce qu’on estime qu’ils se succèdent l’un à l’autre.

Pour corriger ou diminuer toutes ces difficultés, deux méthodes existent : soit vous estimez que vous avez un gros travail de fond à effectuer, et vous suivez une formation spécifique sur les difficultés de la langue ou vous achetez un ouvrage de fond sur ce thème ; soit vous savez que vous faites quelque fautes, alors chaque fois que vous rencontrez, dans un journal ou dans un livre une expression correcte que vous avez l’habitude de mal employer, vous la relevez dans votre carnet.

Deux règles fondamentales du bon rédacteur ou orateur

L’expérience m’a enseigné qu’un bon rédacteur respecte notamment deux points clefs :

a)      Placer les pronoms relatifs près de leur sujet :

« Nous rencontrons des problèmes chez nos clients qui sont importants » : Qu’est-ce  qui est important ? Les problèmes ou les clients ? Il faut donc choisir, par exemple, l’une ou l’autre des deux formulations suivantes : « Nous rencontrons d’importants problèmes chez nos clients » ou « Nous rencontrons des problèmes chez nos plus importants clients ». Je vous passe le célèbre « Vente d’un piano par dame professeur de musique avec des pieds sculptés » !

b)      Séparer les idées secondaires par une ponctuation adaptée :

Cette règle suit le principe de la ponctuation écrite. Mais elle est aidée par l’intonation de la voix. Si une ponctuation juste n’est pas respectée, le lecteur peut ne plus comprendre le sens de la phrase, surtout si cette phrase est complexe dans sa structure, longue, et comprend des mots peu clairs. Phrases courtes, simples, genre sujet-verbe-complément, sans « parenthèses » ou sans incises au sein du discours, faciliteront la compréhension de vos idées par le lecteur.

Essayez de lire ce texte à haute voix en marquant la ponctuation pour lui donner sens. Vous prendrez conscience de l’importance de la ponctuation (ici orale) pour donner sens à un discours.

« Au crédit de Jackie il faut reconnaître qu’elle respecta leur gigantesque contrat prénuptial contrairement à lui après la mort de son fils dans un accident d’avion il n’eut qu’un obsession il était persuadé qu’elle avait le malochio le mauvais œil et tenta de l’écarter de son testament elle fut obligée d’utiliser les Kennedy pour menacer la fille d’Ari Christina finalement Christina fut informée que si elle ne s’acquittait pas de sa dette envers Jackie aucun navire de la flotte Onassis n’accosterait plus jamais dans un port américain à Zurich Christina fit un chèque de plus de 20 millions de dollars avant même que l’encre n’ait eu le temps de sécher Jackie lui arracha le chèque des mains pour se venger Christina alerta le fisc juste au cas où Jackie aurait oublié de leur déclarer cet argent sereinement  Jackie obligea ensuite Christina à lui donner l’argent qu’elle devait ainsi reverser aux impôts[2]… »

2.       Sélection des mots

Il existe de très nombreux exemples de textes qui jargonnent à outrance et perdent toute clarté parce qu’ils s’éloignent à l’excès des réalités qu’ils décrivent. Non pas dans un but de recul intellectuel bien senti, mais parce que l’intelligence, quand elle manque, tend à se réfugier dans ce qu’elle croit la grandir : la complexité feinte, qui mime la pensée profonde. Platon était un immense philosophe : son écriture était lumineuse. Certains textes juridiques contemporains sont écrits dans une langue qu’on n’ose à peine appeler française. Et que dire des délires incompréhensibles – parce qu’insensés dans la pleine acception du terme ?

Bref, des phrases courtes, claires, simples sont plus faciles à dire, plus aisées à comprendre, et beaucoup plus fortes. Quand la BBC annonce « La position au regard de la France paraît sérieuse », Churchill déclare à la Chambre des Communes : « Les nouvelles de la France sont très mauvaises ». Concision, force, absence totale d’ambiguïté, sens dramatique : le traitement de l’information, en tout cas pour cette introduction, est évidemment bien meilleure dans la seconde version que dans la première.

L’euphémisme peut souvent être exagéré ou mal compris et détruire un discours. Voilà pourquoi il vaut mieux manier cette forme d’expression avec modération et finesse. Je me souviens d’une conférence sur Erik Satie par une de ses biographes italiennes qui se terminait sur un ton pseudo-poétique par ces mots : « A ce moment-là, Erik n’était déjà plus tout à fait de ce côté de la vie… » Une dame à côté de moi se tourne vers sa fille et lance : « Tu crois qu’il est mort ? »

3.       Sens des mots

Une étude même superficielle de mots révèle que bien peu d’entre eux ont une signification universelle, chaque utilisateur les interprétant différemment en fonction de l’idée qu’il souhaite véhiculer. De telles variations sont introduites par les inflexions de la voix et le contexte du discours. Quand Henry Kissinger parle de « démocratie », il pense à un système où les dirigeants politiques, choisis par les grandes firmes, défendent les intérêts de ces dernières contre l’intérêt général, où l’on joue à la guerre pour conforter les recettes du lobby de l’armement et où l’on s’invente des ennemis monstrueux là où il n’y a en général que des adversaires exsangues. Ce sont les Etats-Unis de Nixon, pas si différents de ceux de Kennedy, de Carter, de Ford, de Bush père, de Clinton ou de Bush fils. Rien à voir avec la notion de démocratie telle que l’entendaient les pères fondateurs de la grande Amérique. Et que dire de la notion française, obsédée par son élection au suffrage universel direct du président de la République ? Quel rapport avec les pays du nord de l’Europe, où la démocratie suppose une réelle participation des citoyens, un véritable contrôle de l’action des dirigeants, la pluralité et la liberté d’une presse non concentrée aux mains de quelques géants de l’industrie de l’armement. Si les anciens Grecs qui, en la matière, pourraient avoir leur mot à dire, revenaient chez nous, ils s’étonneraient de ce que nous avons fait de leur idée. Combien de nos citoyens trouveraient ridicule de désigner nos dirigeants par tirage au sort. Certes, on pourrait tirer au sort un ivrogne, protestaient certains. Oui, mais c’est statistiquement peu probable, rétorquaient les autres. La démocratie telle que nous l’entendons ne procède pas par tirage au sort, il est vrai, mais par élection… Adolf Hitler a été élu « démocratiquement ». Silvio Berlusconi aussi. Georges Bush fils également. Ces trois personnages, qui n’ont rien à voir entre eux, ont-ils gouverné de manière réellement démocratique ?

Quant au « socialisme », s’agit-il toujours de l’appropriation des moyens de production par l’Etat ? Quid de la social-démocratie de la fin du XXe siècle dans les pays nordiques ? Quid du social-libéralisme de Tony Blair dans l’Angleterre de la même époque ? Quid du socialisme allemand après Bad Godesberg ?

Quand on parle de « libéralisme », qu’entend-on ? Une forte préoccupation pour les libertés individuelles ? La vieille idéologie des capitalistes du XIXe siècle selon laquelle les marchés s’équilibrent d’eux-mêmes, tombées en désuétude avec la crise de 1929, régénérée par les tenants de Milton Friedman, Reagan et Thatcher en tête ? Libéralisme politique, économique ou sexuel ? Ils n’ont pas forcément de liens directs, voire ils peuvent s’opposer. L’année dernière, à Tokyo, dans une galerie de Ginza, au cours du vernissage de mon ami peintre Ushio Shinohara, j’expliquais que beaucoup de Français, qu’ils les apprécient ou non, considèrent Nicolas Sarkozy ou Georges Bush comme des libéraux. Etonnement de certaines des personnes présentes, dont des membres du Parti Libéral japonais : « Mais ce sont des conservateurs, pas des libéraux ! » J’ai eu la même réaction à Londres, à New York ou à Berlin.

On pourrait continuer longtemps sur le sujet. Il faudrait évoquer aussi les mots qui ont radicalement changé de sens avec le temps, et qui prennent des colorations pour le moins étonnantes. Ainsi, appeler « pédophile », de manière souvent indistincte et peu hiérarchisée, le prêtre qui se laisse aller à quelques attouchements, le violeur d’enfant, l’assassin d’enfants et le mafieux dirigeant un réseau de prostitution enfantine pour son bénéfice financier, n’est-ce pas un peu contradictoire avec l’origine du mot, qui veut dire comme chacun sait : « qui aime les enfants » ?

Voilà pourquoi les dictionnaires nous sont indispensables : ils nous ramènent au sens originel de mots. Les mots ont une histoire : on peut choisir de l’ignorer, mais les causes ayant souvent des effets, on risque d’en payer les conséquences. Dans les débats ou les groupes de discussion notamment, il est vital de donner dès le départ l’exacte définition du sujet dont on traite. Sinon, on tombe dans un dialogue de sourds qui, s’il peut faire de l’audimat à la télévision, n’apporte rien de nouveau à ses auditeurs. Un moment de détente, peut-être ? De quoi parle-t-on ? Je me pose souvent cette question en écoutant tel ou tel orateur dans les médias ou dans une salle. Nul ne le sait le plus souvent, ni en entrant, ni en sortant. Ce qui n’empêche pas chacun d’avoir un avis sur ce qui s’est dit. Bah ! Tant que les foules ne pensent pas, la démocratie n’est pas en danger : elle s’absente.

Socrate nous a prévenus : la mauvaise utilisation des mots est un grand danger. Les propagandes diverses et variées dont nos sociétés ont été ou sont l’objet nous l’ont appris et nous l’apprennent chaque jour à nos dépens. Quand de tels détournements sémantiques sont effectués volontairement, on assiste à la forme la plus vile de dévalorisation du vocabulaire et de la langue. L’auteur paie le prix d’un texte mal formulé, mais peut aussi faire un grand tort à son lecteur en trichant sur les mots.

Les mots sont trop souvent utilisés comme des écrans de fumée pour voiler des vérités déplaisantes. On rebaptise parfois un « plan de licenciement » en « plan social » ; on parle de « dommages collatéraux » pour des bombardements meurtriers ; on évoque la « valeur travail » pour convaincre des salariés de « travailler plus pour gagner moins », mais on agite le slogan « travailler plus pour gagner plus » afin que nul ne se rende compte de la réalité, puisqu’on travestit les mots pour les rendre inopérants à exprimer sa révolte. Ceux qui n’ont plus les mots disponibles peuvent toujours se révolter : il leur reste la violence.

On regrette le langage directe et robuste de Shakespeare ou de Molière à entendre les platitudes anémiques que nous diffusent nos médias tout puissants. Trop nombreux sont ceux qui ont acquis la faculté fatale d’utiliser les mots qui imitent la pensée plutôt que de la créer et de l’exprimer. On ne saurait trop leur conseiller de suivre le bon conseil de Lord Vansittart, qui intitula son article :

« Pensez clairement, parlez simplement, et assumez ! »

Une grammaire défaillante, des phrases confuses, une verbosité déplacée et une utilisation erronée des mots peuvent rendre inefficace un texte ou un discours par ailleurs réussi aussi sûrement que des vêtements mal coupés et en mauvais état peuvent ruiner une silhouette. Ce sont des maladresses qu’avec un peu de préparation et de réflexion vous pouvez aisément éviter, et je vous invite à vous surveiller tout particulièrement quand le succès vous incitera à baisser la garde et à vous laisser aller. Ne laissez jamais votre niveau exigeant d’écriture ou de parole se détériorer. Souvenez-vous toujours que la parole orale ou écrite est trop puissante, trop dangereuse et trop nécessaire pour être utilisée avec légèreté. Le soin que vous apporterez à vos textes devrait être proportionnel à sa valeur. Goethe plaçait le langage au pinacle de tous les arts humains, et c’est incontestablement le don le plus précieux que nous possédions.

Christian Soleil.


 

 



[1]  Michel Durafour, cité par Christian Soleil, in « Michel Durafour, Le Feu sous la cendre, biographie », éditions Actes Graphiques, 1998.

[2]  D’après Gore Vidal, « Palimpsest, a memoir », Random House, 1995 (traduction Christian Soleil).

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 13:36

1.       CHOISIR SON VOCABULAIRE

 

Comme le disait Samuel Johnson, « les mots sont les vêtements de la pensée ». Comme les vêtements, votre vocabulaire peut être terne, coloré, élégant, voyant, vulgaire. Il existe même des fashion victims de la parole orale ou écrite, qui cherchent à inclure tous les tics à la mode du moment dans leur vocabulaire, au risque de ne pas être compris, de perdre en précision et d’être assez rapidement… démodé. « La mode, c’est ce qui se démode, » disait Cocteau avec une fulgurante simplicité. Les mot sont à la fois le tissu et l’outil qui sert à le couper pour confectionner la robe ou le costume de votre discours ou de votre article ou mémoire.

Personne ne peut faire du bon travail avec de mauvais outils. Pourtant combien de fois lit-on ou entend-on utiliser des mots creux, émoussés, imprécis, rouillés ? Bien sûr, c’est un crime de tuer ou de mutiler une belle langue comme la nôtre – quelle que soit votre langue maternelle d’ailleurs – et pourtant on n’aide pas beaucoup les gens de l’écrit ou de l’oral dans le choix de leur vocabulaire. Peu de temps est dévolu à la sélection des mots dans les formations à ce sujet ou dans les séances de training ou de coaching journalistiques.

Les idées et les mots sont interdépendants. Je vous épargnerai le quart d’heure philosophique sur la poule et l’œuf, qui consiste à se demander si la parole précède la pensée ou si c’est plutôt l’inverse. Un vocabulaire étriqué limite la création et l’expression d’idées. D’où la nécessité d’élargir son vocabulaire afin de donner une plus grande liberté à votre esprit et à votre expression. Un discours (écrit ou oral) efficace exige une pensée claire, c’est-à-dire la capacité à développer des idées précises, puis à ouvrir l’esprit à un flux naturel de mots qui saisit les idées pour les porter dans la bouche ou sous la plume en un courant régulier, fluide et sans effort particulier. Le volume de la voix, à l’oral, est contrôlé par le nombre et la magnitude des idées à couvrir et il est automatique si votre esprit dispose d’une réserve suffisante de mots disponibles.

Les esprits paresseux saisissent les mots les plus immédiats, ceux qui apparaissent en surface parce que c’est plus simple et plus rapides, sans se demander s’il existe un terme plus exact, plus subtil, plus nuancé ou plus adapté. Il s’agit donc d’augmenter votre stock de mots seuls, de termes associés par paires, puis de les regrouper pour vous familiariser avec les synonymes, les termes alternatifs et les mots associés.

Mots seuls et paires

Toute phrase complète comporte un nom ou un pronom et un verbe, et sur ces termes pivots viennent se greffer des adjectifs et des adverbes pour les colorer et les qualifier.

Un bon exercice pour vous montrer la gamme et le pouvoir des adjectifs consiste à poser six noms, par exemple discours, musique, nourriture, journal, jardin et maison. Sélectionnez-en un qui vous intéresse et dressez une liste de vingt-quatre adjectifs  appropriés issus de votre « magasin » mental. Vous en avez sûrement beaucoup plus, mais si vous ne parvenez pas à en trouver vingt-quatre, votre stock est à l’évidence très insuffisant, et il va vous falloir songer sérieusement à l’augmenter si vous voulez devenir un orateur crédible et professionnel. N’utilisez pas de dictionnaire. Vos idées à vous ont besoin de vos mots à vous pour leur rendre justice et les développer avec naturel. L’objectif de cet exercice est de vous faire prendre conscience de votre stock disponible pour ensuite l’élargir ou le renouveler. Divisez vos adjectifs en deux catégories : ceux qui expriment un sentiment positif et ceux qui expriment un sentiment négatif, ceux qui approuvent et ceux qui désapprouvent. Vous trouverez sans doute plus aisé d’élaborer la deuxième catégorie en premier lieu parce que les mots destructifs surgissent plus rapidement dans la plupart des esprits, surtout quand les facultés critiques sont très acérées comme ce devrait être le cas pendant un entraînement effectif.

Quand vous avez élaboré ces deux listes, analysez-les et groupez les adjectifs de la même manière que vous avez appris à grouper vos idées, afin de pouvoir réguler la température, le volume et la densité de vos adjectifs à volonté. Les adjectifs généraux sont les mots les plus courants, utilisés très souvent parce qu’ils fournissent une image rapide et compréhensible. D’autres groupes d’adjectifs associés sont plus sélectifs et choisis pour qualifier et souligner diverses caractéristiques spécifiques.

Par exemple, si vous avez pris le mot « discours » dans la liste fournie plus haut, vous allez pouvoir classer vos adjectifs – mais ce n’est pas la solution unique -  selon les groupes suivants :

NOM : DISCOURS

Adjectifs groupés à partir d’une liste au hasard

DESAPPROBATEUR

APPROBATEUR

1.       Général :

Mauvais, atroce, inefficace, monstrueux, futile…

Général :

Bon, efficace, convaincant, clair, grand, grandiose, excellent…

2.       Décrivant un discours désagréable :

Vague, imprécis, incohérent, monotone, morne, ennuyeux…

Décrivant un discours agréable :

Beau, coloré, expressif, sympathique, audible, enjoué…

3.       Décrivant un discours irritant :

Inaudible, hésitant, verbeux, inadapté, laborieux, inconséquent…

Décrivant un discours compréhensible :

Lucide, concis, informatif, direct, convaincant, logique…

4.       Décrivant un discours blessant :

Sardonique, amer, ironique, agressif, malicieux…

Décrivant un discours inspirant :

Dynamique, stimulant, entraînant, émouvant, puissant, lumineux…

 

 

Quand vous avez classé vos adjectifs dans les groupes qui vous conviennent – les nôtres ne sont qu’un exemple de l’infini des possibilités qui sont les vôtres – fermez les yeux et essayez de repenser à un discours que vous avez aimé, puis à un discours qui vous a déplu. Décrivez-les avec les adjectifs appropriés pris dans les différents groupes. Vous aurez sans doute besoin d’un adjectif général et d’un adjectif plus qualifiant. Par exemple :

« C’était un grand discours émouvant. »

« C’était un atroce discours verbeux. »

Vous avez alors relié vos adjectifs et votre nom dans une image verbale que vous pouvez comparer avec l’image mentale qui vous reste de ce moment-là. Les adjectifs peuvent provoquer des intoxications verbales ou des indigestions. Un contrôle efficace doit vous permettre de limiter au strict nécessaire. Deux, voire trois adjectifs devraient très amplement suffire à brosser une image mentale forte – s’ils sont bien choisis – dans l’esprit du public ou du lecteur. Pas plus. Mais comme vous le savez, le noir et le blanc ne sont pas les deux seuls moyens à la disposition de l’artiste pour s’exprimer sur la toile, et il est souvent nécessaire de faire appel à toute une palette de couleurs vives ou pastel, pour la peinture à l’huile comme à l’eau. Maîtrisez son discours, c’est aussi maîtriser le choix des mots, dont les adjectifs qui apportent une infinie diversité de couleurs et régulent la chaleur plus ou moins forte que vous allez communiquer à votre public ou lecteur.

Avant de voir comment accroître son vocabulaire, poursuivons cet exercice. Vous n’avez pour l’instant travaillé que sur les adjectifs de votre stock courant. Si vous avez consacré du temps, et la nécessaire concentration mentale à cet exercice, vous avez dû trouver beaucoup plus d’adjectifs que ce qui vous était demandé. Chaque mot en suggérant un autre, on atteint vite des sommets exponentiels. Afin d’enregistrer votre « surplus » de mots de manière efficace, nous allons faire un rapide exercice supplémentaire. Prenez chaque lettre de l’alphabet et écrivez à côté un adjectif décrivant un discours, mais bien sûr un adjectif que vous n’avez pas déjà utilisé. Cela peut donner :

A = Académique.

B = Bucolique.

C = Cruel.

D = Diplomatique.

E = Erudit.

F = Fantastique.

G = Grandiloquent.

H = Hésitant.

Etc.

Je vous laisse poursuivre de vous-même une liste qui de toute façon vous est personnelle. Essayez de le faire pour l’essentiel sans l’aide d’un dictionnaire, encore que pour les lettres finales de l’alphabet, vous risquez de vous sentir quelque peu limité. Pour rendre l’exercice plus agréable, tout en lui gardant son efficacité, vous pouvez très bien imaginer un jeu avec vos amis qui s’en inspire. Ce sera ainsi profitable à tout le monde. La règle est que les termes choisis doivent être familiers et avoir un usage courant. Le fait de les grouper autour d’un nom permet de les regrouper dans votre esprit pour un usage immédiat et sans effort.

Faites ce double exercice sur les cinq noms de votre liste originelle, qui n’est pas forcément la mienne. Vous aurez la surprise de découvrir la large gamme d’adjectifs puissants stockés dans votre mémoire. Vous pouvez ensuite prolonger ces exercices en vous efforçant de remplacer chaque adjectif par un synonyme – exprimant donc la même idée, c’est un pléonasme que de le préciser – ou un mot associé qui aurait la même signification, puis par un antonyme pour relier les termes opposés.

Faites le même type d’exercice pour les verbes et les adverbes, et vous observerez des résultats similaires. Quand vous serez familier de vos adjectifs et de vos adverbes et que vous sentirez que vous les utilisez avec une plus grande fluidité et de manière plus intelligente, pensez aux outils rouillés : conservez vos mots neufs comme au premier jour en les utilisant. La pratique seule vous permettra e véritablement fluidifier votre vocabulaire – je rappelle que vous travaillez pour l’instant avec des mots qui vous sont connus puisqu’ils viennent de votre cerveau et non d’un dictionnaire. Ne considérez pas cela comme une tâche lourde à porter, mais comme un jeu, un hobby à faire à vos moments perdus, de manière ludique et détendue, si vous voulez que vos efforts soient récompensés. Développer aussi votre pouvoir d’observation : quand vous marchez dans un jardin, imaginez que vous décrivez les fleurs à un ancien jardinier devenu aveugle, et trouvez les mots évocateurs, frais, vivants qui vont lui faire imaginer les couleurs des lieux.

Avant de quitter l’étude des mots, testez votre capacité à unir des mots de manière originale et imagée. Faites une liste de groupes de mots comme ceux qui suivent :

Un silence de pierre.

Une aventure périlleuse.

Une beauté fatale.

Une gentillesse dure comme le diamant.

Une délicate cruauté.

Vous trouverez sans doute des formules qui marqueront votre esprit et qui vous reviendront en mémoire de manière automatique quand vous serez face à un public ou devant la feuilles blanche. Cet exercice, comme beaucoup de ceux que nous vous proposons, mérite de se faire tous les soirs pendant quelques jours, puis d’y revenir de temps en temps. Là aussi, il est important de noter vos trouvailles les plus fortes et les plus judicieuses. Et encore une fois, c’est un exercice facile à changer en jeu pour le pratiquer à plusieurs.

Groupes de mots

Après les paires, les groupes de mots clairement définis constituent l’étape suivante, tout aussi essentielle, du journaliste correctement équipé. Les groupes de synonymes et de termes alternatifs sont les plus utiles.

Synonymes

Vous avez déjà travaillé sur les synonymes uniques, mais la plupart des mots clefs peuvent être amplifiés dans un groupe. Ces groupes peuvent se trouver dans un dictionnaire mais sont plus faciles à utiliser et à retenir, donc plus efficaces pour notre travail, si vous les compilez par vous-même.

Sélectionnez un certain nombre d’adjectifs dans les listes liées au mot « discours », c’est-à-dire dans les listes que vous venez de confectionner. Pour chacun de ces adjectifs, trouvez cinq à six synonymes. Cela vous donne un groupe de synonyme pour chaque adjectif et vous fournit une gamme assez large de mots aptes à exprimer les subtilités que vous souhaitez imprimer à votre intervention ou écrit.

Termes alternatifs

Une bonne manière de trouver des termes alternatifs est de les grouper sous des idées clefs comme le montre l’illustration ci-dessous :

Idées et leurs termes liés

VOIR                                                                          UNITE

Œil                                                                             Partenaire

Vision                                                                       Mariage

Observation                                                           Fédération

Noter                                                                        Membre

Enregistrer                                                              Association

 

PASSAGE                                                                  ORDRE

Ouverture                                                               Netteté

Sentier                                                                     Précision

Chemin                                                                    Excellence

Route                                                                        Organisation

Pas                                                                             Compétence

 

PRENDRE                                                                 SON

Saisir                                                                         Discours

Acquérir                                                                   Chanter

Accepter                                                                  Rire

Atteindre                                                                Bruit

Voler                                                                         Mélodie

Dans un souci de brièveté nous n’avons choisi que cinq termes pour chaque groupe. L’idéal est d’en regrouper dix ou douze, afin de disposer d’un nombre suffisant pour assurer une meilleure fluidité verbale mais de rester dans des limites mémorisables par un esprit normal. Ce type d’exercice dynamique, suivi d’un enregistrement des résultats dans un carnet ou sur tout autre support que vous consultez régulièrement est plus efficace qu’un apprentissage par cœur et passif de listes de mots. A condition, comme toujours, de pratiquer régulièrement la prise de parole ou l’écriture afin de les utiliser le plus souvent possible.

Une fois que vous avez effectué vos compilations de groupes de synonymes et de termes alternatifs, sur l’ensemble des mots listés préalablement, ce qui vous prend déjà quelques soirées, comment prolonger cet exercice afin de le rendre plus opérant ? Ecoutez simplement votre discours ou relisez-vous attentivement. Vous trouvez que vous employez trop souvent le terme « étonnant » et qu’il revient comme un leitmotiv dans votre bouche ou sous votre plume ? Faites un groupe de termes alternatifs autour de ce mot. Vous allez trouver des termes comme « surprenant », « incroyable », « déstabilisant », que sais-je encore. Vous pourrez ainsi élargir votre vocabulaire disponible et donner toujours plus de couleur et de nuances à vos discours. Choisissez des mots descriptifs de préférence, plutôt que de « grands » mots.

Groupes généraux

Certains esprits aiment particulièrement les allitérations, bien que ce puisse être une habitude pernicieuse – si elle est pratiquée à outrance dans un lettre ou un courriel où tous les mots commenceraient par la même lettre. Ils adorent faire des listes de gens, d’animaux, ou d’objets qui commencent par la même lettre. Nous avons tous dans notre jeunesse joué au jeu du « bac » qui consiste à rechercher cinq noms d’animaux, de villes, d’objets, de personnes, de pays et d’adjectifs commençant par la même lettre. Le premier qui a rempli sa grille a gagné. Le jeu est déclinable à l’infini.

Les groupes de mots altérés par des préfixes ou des suffixes similaires sont aussi utiles, par exemple ceux qui débutent par « anti » ou qui se terminent par « phile ». Grouper des mots est une technique pédagogique extrêmement utile pour les enfants – et pour les adultes – qui mérite d’être intégrée aux programmes d’éducation et de formation. Je les utilise personnellement souvent dans les sessions de formation que j’anime avec des professionnels. Certains sont surpris au début. Ceux qui persévèrent se réjouissent toujours, par la suite, d’avoir pratiqué et de prolonger pendant leur temps libre ce type de « travail ».

Il faudrait aussi encourager les mots croisés et le scrabble, et d’une manière tous les jeux autour des mots. Le plus intéressant sur un plan pédagogique est d’ailleurs à ce titre de faire fabriquer des mots croisés ou des mots fléchés par les élèves ou les étudiants, pour les leur faire utiliser ensuite – pas aux mêmes, cela va sans dire.

Un autre exercice très simple et très efficace consiste à prendre une page d’un dictionnaire et à noter les mots qu’elle contient en les classant en trois groupes :

a)      Mots connus et utilisés.

b)      Mots connus mais pas utilisés.

c)       Mots inconnus.

Elargir votre vocabulaire

Le meilleur moyen d’élargir votre vocabulaire, comme toujours, est simple mais prend du temps. il s’agit de lire de la bonne littérature – «  bonne » dans le sens où elle utilise un vocabulaire suffisamment large pour vous apprendre quelque chose. Quand vous rencontrez un mot inconnu et qu’il vous paraît utile de le retenir, vous le soulignez dans le livre – si vous interrompez votre lecture à chaque mot nouveau, vous allez être rapidement dégoûté de la lecture -, pour ensuite, dans un second temps, noter le mot avec une brève définition et/ou un exemple de son utilisation dans un carnet. Réfléchissez à chaque terme que vous avez souhaité retenir pour un usage ultérieur. Quelle émotion soulève-t-il en vous ? Est-il inspirant, charmant, excitant, provocant, ou simplement attractif par sa clarté et sa précision ?

Une fois que vous avez décidé du mérite de chaque mot, vous aurez saisi le pouvoir émotionnel des mots et appris à votre esprit à être sélectif. Les médecins et les infirmières qui reçoivent des patients accidentés connaissent – ou devraient connaître – le bien-être que peut procurer une parole apaisante, surtout dans les premiers moments qui suivent un choc et une souffrance. C’est une préparation efficace à un traitement, qui optimise souvent ses chances de succès. A l’inverse, comme l’écrit Oscar Wilde : « Certains tuent avec les mots ». Il est donc aussi utile de disposer de mots apaisants, inspirants, doux et nourrissants que de termes salés, acides, et blessants.

Quand vous avez réussi à développer les zones faibles de votre vocabulaire, vous pouvez donc les renforcer par des lectures adéquates. Choisissez de préférence les auteurs reconnus, pas forcément ceux qui sont à la mode du moment. En littérature comme en politique, il faut laisser passer quelque décennies pour être certain de la qualité d’une œuvre. Le temps reste un des plus puissants critères. Pour la précision et la clarté de la langue, lisez les traductions des anciens grecs, Platon, Aristote, Cicéron, ou plus près de nous Jean Cocteau ou Henri de Montherlant. Pour la subtilité et l’humour, ou le ton vif et cinglant, préférez Bernard Shaw, A.P. Herbert, Truman Capote, Gore Vidal. Pour la pureté et la force de la langue, tournez-vous vers Borges, Marguerite Yourcenar, Yukio Mishima. Pour la finesse et la séduction des mots, la dentelle verbale et le tricotage méticuleux de la phrase, voyez Yasunari Kawabata ou Thomas Mann. Pour l’énergie, l’élan vital, le courage : Hemingway, Klaus Mann, Hervé Guibert. Mais enfin, voyez par vous-même, et suivez votre chemin, votre vie, vos rencontres.

Ce ne sont là que quelques suggestions pour l’étude et l’élargissement de votre vocabulaire. Très peu de choses si vous y prenez goût. Mais évidemment, l’œuvre d’une vie. Bien maîtriser la prise de parole en public ou l’écriture, c’est un peu comme atteindre le satori chez les bouddhistes : l’affaire d’au moins une vie. On n’est jamais arrivé. On avance sur le chemin. Ce qui fait la richesse – et la joie – d’un tel cheminement, c’est que plus on avance, plus on élargit le cercle de ses connaissances, et plus, bien sûr, on devient humble : on réalise que l’horizon est beaucoup plus large, beaucoup plus vaste et beaucoup plus spacieux qu’on ne pouvait l’imaginer. Comme dans l’histoire des grenouilles qui ne connaissaient que leur mare, et pour qui l’océan, dont elles n’avaient qu’entendu parler, devait être une simple version élargie de leur univers. Une grosse mare, quoi !

En tout cas, le temps que vous consacrerez à la recherche et à l’étude des mots vous sera rendu de manière décuplée en termes d’efficacité et de développement personnel. N’allez pas imaginer en revanche qu’une bibliothèque immense est nécessaire. En fait, vous pouvez sans doute trouver tout ce dont vous avez besoin dans un seul volume de Shakespeare ou de Racine. Sélectionnez quelques mots chaque week-end et faites un effort pour les introduire dans votre conversation dans la semaine qui suit : c’est le meilleur moyen de les retenir. Au début, vous le ferez timidement, vous hésiterez, vous finirez par employer un bon vieux mot bien banal, mais peu à peu vous prendrez confiance et vous parviendrez sans peine à glisser un terme précis et adapté au moment choisi.

Une de mes amies dresse ainsi chaque dimanche une liste de sept mots nouveaux qu’elle décide d’intégrer à raison d’un par jour dans sa conversation au cours de la semaine qui suit. Un matin, je la croise dans un couloir de son entreprise où j’interviens comme consultant : « Christian ! me dit-elle. J’ai un problème ! Je suis en négociation avec un client important, je dois caser le mot « eschatologique », et je n’ai plus aucun idée de ce que cela veut dire… « Scatologique », j’ai bien intégré, mais là, je bloque. » Je lui explique qu’il s’agit de ce qui a trait à la vie après la mort, assez inquiet de la manière dont elle va pouvoir utiliser le terme. Nous déjeunons ensemble à midi. Je lui demande comment elle s’est finalement débrouillée pour placer son mot. « Je ne sais plus, me répond-elle. Je ne sais plus du tout. En tout cas, je l’ai fait ! » Je lui demande ce que ça a donné, quelle a été la réaction de son contact. « Ben, je crois que j’ai perdu le client. Il m’a prise pour une folle. »

Je vous déconseille d’utiliser de nouveaux mots directement dans un discours ou un article. Les risques de mauvaise prononciation risquent de faire hésiter votre esprit et d’éteindre involontairement votre voix, ou à l’écrit de vous faire employer le terme à mauvais escient. Pour éviter cette crainte, testez-les donc plutôt dans vos conversations, là où vous savez que vous ne prenez aucun risque. C’est quand vous les aurez véritablement intégrés, véritablement faits vôtres, qu’ils viendront naturellement sur vos lèvres dans vos interventions publiques ou sous votre plume. Là, vous aurez le sentiment d’un petit accomplissement, d’un modeste triomphe.

La lecture de biographies et d’autobiographies permet de découvrir le fonctionnement interne d’autres esprits que le vôtre. C’est un autre moyen de stimuler la pensée. Cela vous amène également à vous forger une philosophie de la vie qui constitue le fondement des discours, puisqu’un discours naturel trahit le caractère de l’orateur. Pour Cicéron, le parfait orateur est l’homme parfait. Platon pensait qu’on ne peut diriger les autres si l’on n’est pas capable de se maîtriser soi-même. Une idée que pourraient méditer nos politiques, s’ils prenaient le temps de lire. Le discours et l’écriture sont de bons moyens de tester sa capacité de maîtrise de soi.

On pourrait consacrer un volume entier à la sélection et au pouvoir des mots, si souvent utilisés à mauvais escient pour combler des vides, noyer une idée gênante ou tromper un public ou un lectorat. Leur but réel est de donner des ailes aptes à porter vos idées avec bienveillance et de la manière la plus directe possible, comme le vol des oiseaux, jusque dans les esprits et dans les cœurs de vos auditeurs et lecteurs. Utilisez-les avec sagesse et économie, assurez-vous de leur pertinence et restez en permanence conscient de leur pouvoir. L’argent est le symbole de la richesse matérielle. Les mots sont les symboles de la richesse d’esprit. « Je crois que l’esprit ne meurt pas. Il continue de brûler, comme un feu sous la cendre, et un vent soufflant d’ailleurs vient le ranimer[1] ».

Christian Soleil.


 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 13:36

1.       CHOISIR SON VOCABULAIRE

 

Comme le disait Samuel Johnson, « les mots sont les vêtements de la pensée ». Comme les vêtements, votre vocabulaire peut être terne, coloré, élégant, voyant, vulgaire. Il existe même des fashion victims de la parole orale ou écrite, qui cherchent à inclure tous les tics à la mode du moment dans leur vocabulaire, au risque de ne pas être compris, de perdre en précision et d’être assez rapidement… démodé. « La mode, c’est ce qui se démode, » disait Cocteau avec une fulgurante simplicité. Les mot sont à la fois le tissu et l’outil qui sert à le couper pour confectionner la robe ou le costume de votre discours ou de votre article ou mémoire.

Personne ne peut faire du bon travail avec de mauvais outils. Pourtant combien de fois lit-on ou entend-on utiliser des mots creux, émoussés, imprécis, rouillés ? Bien sûr, c’est un crime de tuer ou de mutiler une belle langue comme la nôtre – quelle que soit votre langue maternelle d’ailleurs – et pourtant on n’aide pas beaucoup les gens de l’écrit ou de l’oral dans le choix de leur vocabulaire. Peu de temps est dévolu à la sélection des mots dans les formations à ce sujet ou dans les séances de training ou de coaching journalistiques.

Les idées et les mots sont interdépendants. Je vous épargnerai le quart d’heure philosophique sur la poule et l’œuf, qui consiste à se demander si la parole précède la pensée ou si c’est plutôt l’inverse. Un vocabulaire étriqué limite la création et l’expression d’idées. D’où la nécessité d’élargir son vocabulaire afin de donner une plus grande liberté à votre esprit et à votre expression. Un discours (écrit ou oral) efficace exige une pensée claire, c’est-à-dire la capacité à développer des idées précises, puis à ouvrir l’esprit à un flux naturel de mots qui saisit les idées pour les porter dans la bouche ou sous la plume en un courant régulier, fluide et sans effort particulier. Le volume de la voix, à l’oral, est contrôlé par le nombre et la magnitude des idées à couvrir et il est automatique si votre esprit dispose d’une réserve suffisante de mots disponibles.

Les esprits paresseux saisissent les mots les plus immédiats, ceux qui apparaissent en surface parce que c’est plus simple et plus rapides, sans se demander s’il existe un terme plus exact, plus subtil, plus nuancé ou plus adapté. Il s’agit donc d’augmenter votre stock de mots seuls, de termes associés par paires, puis de les regrouper pour vous familiariser avec les synonymes, les termes alternatifs et les mots associés.

Mots seuls et paires

Toute phrase complète comporte un nom ou un pronom et un verbe, et sur ces termes pivots viennent se greffer des adjectifs et des adverbes pour les colorer et les qualifier.

Un bon exercice pour vous montrer la gamme et le pouvoir des adjectifs consiste à poser six noms, par exemple discours, musique, nourriture, journal, jardin et maison. Sélectionnez-en un qui vous intéresse et dressez une liste de vingt-quatre adjectifs  appropriés issus de votre « magasin » mental. Vous en avez sûrement beaucoup plus, mais si vous ne parvenez pas à en trouver vingt-quatre, votre stock est à l’évidence très insuffisant, et il va vous falloir songer sérieusement à l’augmenter si vous voulez devenir un orateur crédible et professionnel. N’utilisez pas de dictionnaire. Vos idées à vous ont besoin de vos mots à vous pour leur rendre justice et les développer avec naturel. L’objectif de cet exercice est de vous faire prendre conscience de votre stock disponible pour ensuite l’élargir ou le renouveler. Divisez vos adjectifs en deux catégories : ceux qui expriment un sentiment positif et ceux qui expriment un sentiment négatif, ceux qui approuvent et ceux qui désapprouvent. Vous trouverez sans doute plus aisé d’élaborer la deuxième catégorie en premier lieu parce que les mots destructifs surgissent plus rapidement dans la plupart des esprits, surtout quand les facultés critiques sont très acérées comme ce devrait être le cas pendant un entraînement effectif.

Quand vous avez élaboré ces deux listes, analysez-les et groupez les adjectifs de la même manière que vous avez appris à grouper vos idées, afin de pouvoir réguler la température, le volume et la densité de vos adjectifs à volonté. Les adjectifs généraux sont les mots les plus courants, utilisés très souvent parce qu’ils fournissent une image rapide et compréhensible. D’autres groupes d’adjectifs associés sont plus sélectifs et choisis pour qualifier et souligner diverses caractéristiques spécifiques.

Par exemple, si vous avez pris le mot « discours » dans la liste fournie plus haut, vous allez pouvoir classer vos adjectifs – mais ce n’est pas la solution unique -  selon les groupes suivants :

NOM : DISCOURS

Adjectifs groupés à partir d’une liste au hasard

 

 

Quand vous avez classé vos adjectifs dans les groupes qui vous conviennent – les nôtres ne sont qu’un exemple de l’infini des possibilités qui sont les vôtres – fermez les yeux et essayez de repenser à un discours que vous avez aimé, puis à un discours qui vous a déplu. Décrivez-les avec les adjectifs appropriés pris dans les différents groupes. Vous aurez sans doute besoin d’un adjectif général et d’un adjectif plus qualifiant. Par exemple :

« C’était un grand discours émouvant. »

« C’était un atroce discours verbeux. »

Vous avez alors relié vos adjectifs et votre nom dans une image verbale que vous pouvez comparer avec l’image mentale qui vous reste de ce moment-là. Les adjectifs peuvent provoquer des intoxications verbales ou des indigestions. Un contrôle efficace doit vous permettre de limiter au strict nécessaire. Deux, voire trois adjectifs devraient très amplement suffire à brosser une image mentale forte – s’ils sont bien choisis – dans l’esprit du public ou du lecteur. Pas plus. Mais comme vous le savez, le noir et le blanc ne sont pas les deux seuls moyens à la disposition de l’artiste pour s’exprimer sur la toile, et il est souvent nécessaire de faire appel à toute une palette de couleurs vives ou pastel, pour la peinture à l’huile comme à l’eau. Maîtrisez son discours, c’est aussi maîtriser le choix des mots, dont les adjectifs qui apportent une infinie diversité de couleurs et régulent la chaleur plus ou moins forte que vous allez communiquer à votre public ou lecteur.

Avant de voir comment accroître son vocabulaire, poursuivons cet exercice. Vous n’avez pour l’instant travaillé que sur les adjectifs de votre stock courant. Si vous avez consacré du temps, et la nécessaire concentration mentale à cet exercice, vous avez dû trouver beaucoup plus d’adjectifs que ce qui vous était demandé. Chaque mot en suggérant un autre, on atteint vite des sommets exponentiels. Afin d’enregistrer votre « surplus » de mots de manière efficace, nous allons faire un rapide exercice supplémentaire. Prenez chaque lettre de l’alphabet et écrivez à côté un adjectif décrivant un discours, mais bien sûr un adjectif que vous n’avez pas déjà utilisé. Cela peut donner :

A = Académique.

B = Bucolique.

C = Cruel.

D = Diplomatique.

E = Erudit.

F = Fantastique.

G = Grandiloquent.

H = Hésitant.

Etc.

Je vous laisse poursuivre de vous-même une liste qui de toute façon vous est personnelle. Essayez de le faire pour l’essentiel sans l’aide d’un dictionnaire, encore que pour les lettres finales de l’alphabet, vous risquez de vous sentir quelque peu limité. Pour rendre l’exercice plus agréable, tout en lui gardant son efficacité, vous pouvez très bien imaginer un jeu avec vos amis qui s’en inspire. Ce sera ainsi profitable à tout le monde. La règle est que les termes choisis doivent être familiers et avoir un usage courant. Le fait de les grouper autour d’un nom permet de les regrouper dans votre esprit pour un usage immédiat et sans effort.

Faites ce double exercice sur les cinq noms de votre liste originelle, qui n’est pas forcément la mienne. Vous aurez la surprise de découvrir la large gamme d’adjectifs puissants stockés dans votre mémoire. Vous pouvez ensuite prolonger ces exercices en vous efforçant de remplacer chaque adjectif par un synonyme – exprimant donc la même idée, c’est un pléonasme que de le préciser – ou un mot associé qui aurait la même signification, puis par un antonyme pour relier les termes opposés.

Faites le même type d’exercice pour les verbes et les adverbes, et vous observerez des résultats similaires. Quand vous serez familier de vos adjectifs et de vos adverbes et que vous sentirez que vous les utilisez avec une plus grande fluidité et de manière plus intelligente, pensez aux outils rouillés : conservez vos mots neufs comme au premier jour en les utilisant. La pratique seule vous permettra e véritablement fluidifier votre vocabulaire – je rappelle que vous travaillez pour l’instant avec des mots qui vous sont connus puisqu’ils viennent de votre cerveau et non d’un dictionnaire. Ne considérez pas cela comme une tâche lourde à porter, mais comme un jeu, un hobby à faire à vos moments perdus, de manière ludique et détendue, si vous voulez que vos efforts soient récompensés. Développer aussi votre pouvoir d’observation : quand vous marchez dans un jardin, imaginez que vous décrivez les fleurs à un ancien jardinier devenu aveugle, et trouvez les mots évocateurs, frais, vivants qui vont lui faire imaginer les couleurs des lieux.

Avant de quitter l’étude des mots, testez votre capacité à unir des mots de manière originale et imagée. Faites une liste de groupes de mots comme ceux qui suivent :

Un silence de pierre.

Une aventure périlleuse.

Une beauté fatale.

Une gentillesse dure comme le diamant.

Une délicate cruauté.

Vous trouverez sans doute des formules qui marqueront votre esprit et qui vous reviendront en mémoire de manière automatique quand vous serez face à un public ou devant la feuilles blanche. Cet exercice, comme beaucoup de ceux que nous vous proposons, mérite de se faire tous les soirs pendant quelques jours, puis d’y revenir de temps en temps. Là aussi, il est important de noter vos trouvailles les plus fortes et les plus judicieuses. Et encore une fois, c’est un exercice facile à changer en jeu pour le pratiquer à plusieurs.

Groupes de mots

Après les paires, les groupes de mots clairement définis constituent l’étape suivante, tout aussi essentielle, du journaliste correctement équipé. Les groupes de synonymes et de termes alternatifs sont les plus utiles.

Synonymes

Vous avez déjà travaillé sur les synonymes uniques, mais la plupart des mots clefs peuvent être amplifiés dans un groupe. Ces groupes peuvent se trouver dans un dictionnaire mais sont plus faciles à utiliser et à retenir, donc plus efficaces pour notre travail, si vous les compilez par vous-même.

Sélectionnez un certain nombre d’adjectifs dans les listes liées au mot « discours », c’est-à-dire dans les listes que vous venez de confectionner. Pour chacun de ces adjectifs, trouvez cinq à six synonymes. Cela vous donne un groupe de synonyme pour chaque adjectif et vous fournit une gamme assez large de mots aptes à exprimer les subtilités que vous souhaitez imprimer à votre intervention ou écrit.

Termes alternatifs

Une bonne manière de trouver des termes alternatifs est de les grouper sous des idées clefs comme le montre l’illustration ci-dessous :

Idées et leurs termes liés

VOIR                                                                          UNITE

Œil                                                                             Partenaire

Vision                                                                       Mariage

Observation                                                           Fédération

Noter                                                                        Membre

Enregistrer                                                              Association

 

PASSAGE                                                                  ORDRE

Ouverture                                                               Netteté

Sentier                                                                     Précision

Chemin                                                                    Excellence

Route                                                                        Organisation

Pas                                                                             Compétence

 

PRENDRE                                                                 SON

Saisir                                                                         Discours

Acquérir                                                                   Chanter

Accepter                                                                  Rire

Atteindre                                                                Bruit

Voler                                                                         Mélodie

Dans un souci de brièveté nous n’avons choisi que cinq termes pour chaque groupe. L’idéal est d’en regrouper dix ou douze, afin de disposer d’un nombre suffisant pour assurer une meilleure fluidité verbale mais de rester dans des limites mémorisables par un esprit normal. Ce type d’exercice dynamique, suivi d’un enregistrement des résultats dans un carnet ou sur tout autre support que vous consultez régulièrement est plus efficace qu’un apprentissage par cœur et passif de listes de mots. A condition, comme toujours, de pratiquer régulièrement la prise de parole ou l’écriture afin de les utiliser le plus souvent possible.

Une fois que vous avez effectué vos compilations de groupes de synonymes et de termes alternatifs, sur l’ensemble des mots listés préalablement, ce qui vous prend déjà quelques soirées, comment prolonger cet exercice afin de le rendre plus opérant ? Ecoutez simplement votre discours ou relisez-vous attentivement. Vous trouvez que vous employez trop souvent le terme « étonnant » et qu’il revient comme un leitmotiv dans votre bouche ou sous votre plume ? Faites un groupe de termes alternatifs autour de ce mot. Vous allez trouver des termes comme « surprenant », « incroyable », « déstabilisant », que sais-je encore. Vous pourrez ainsi élargir votre vocabulaire disponible et donner toujours plus de couleur et de nuances à vos discours. Choisissez des mots descriptifs de préférence, plutôt que de « grands » mots.

Groupes généraux

Certains esprits aiment particulièrement les allitérations, bien que ce puisse être une habitude pernicieuse – si elle est pratiquée à outrance dans un lettre ou un courriel où tous les mots commenceraient par la même lettre. Ils adorent faire des listes de gens, d’animaux, ou d’objets qui commencent par la même lettre. Nous avons tous dans notre jeunesse joué au jeu du « bac » qui consiste à rechercher cinq noms d’animaux, de villes, d’objets, de personnes, de pays et d’adjectifs commençant par la même lettre. Le premier qui a rempli sa grille a gagné. Le jeu est déclinable à l’infini.

Les groupes de mots altérés par des préfixes ou des suffixes similaires sont aussi utiles, par exemple ceux qui débutent par « anti » ou qui se terminent par « phile ». Grouper des mots est une technique pédagogique extrêmement utile pour les enfants – et pour les adultes – qui mérite d’être intégrée aux programmes d’éducation et de formation. Je les utilise personnellement souvent dans les sessions de formation que j’anime avec des professionnels. Certains sont surpris au début. Ceux qui persévèrent se réjouissent toujours, par la suite, d’avoir pratiqué et de prolonger pendant leur temps libre ce type de « travail ».

Il faudrait aussi encourager les mots croisés et le scrabble, et d’une manière tous les jeux autour des mots. Le plus intéressant sur un plan pédagogique est d’ailleurs à ce titre de faire fabriquer des mots croisés ou des mots fléchés par les élèves ou les étudiants, pour les leur faire utiliser ensuite – pas aux mêmes, cela va sans dire.

Un autre exercice très simple et très efficace consiste à prendre une page d’un dictionnaire et à noter les mots qu’elle contient en les classant en trois groupes :

a)      Mots connus et utilisés.

b)      Mots connus mais pas utilisés.

c)       Mots inconnus.

Elargir votre vocabulaire

Le meilleur moyen d’élargir votre vocabulaire, comme toujours, est simple mais prend du temps. il s’agit de lire de la bonne littérature – «  bonne » dans le sens où elle utilise un vocabulaire suffisamment large pour vous apprendre quelque chose. Quand vous rencontrez un mot inconnu et qu’il vous paraît utile de le retenir, vous le soulignez dans le livre – si vous interrompez votre lecture à chaque mot nouveau, vous allez être rapidement dégoûté de la lecture -, pour ensuite, dans un second temps, noter le mot avec une brève définition et/ou un exemple de son utilisation dans un carnet. Réfléchissez à chaque terme que vous avez souhaité retenir pour un usage ultérieur. Quelle émotion soulève-t-il en vous ? Est-il inspirant, charmant, excitant, provocant, ou simplement attractif par sa clarté et sa précision ?

Une fois que vous avez décidé du mérite de chaque mot, vous aurez saisi le pouvoir émotionnel des mots et appris à votre esprit à être sélectif. Les médecins et les infirmières qui reçoivent des patients accidentés connaissent – ou devraient connaître – le bien-être que peut procurer une parole apaisante, surtout dans les premiers moments qui suivent un choc et une souffrance. C’est une préparation efficace à un traitement, qui optimise souvent ses chances de succès. A l’inverse, comme l’écrit Oscar Wilde : « Certains tuent avec les mots ». Il est donc aussi utile de disposer de mots apaisants, inspirants, doux et nourrissants que de termes salés, acides, et blessants.

Quand vous avez réussi à développer les zones faibles de votre vocabulaire, vous pouvez donc les renforcer par des lectures adéquates. Choisissez de préférence les auteurs reconnus, pas forcément ceux qui sont à la mode du moment. En littérature comme en politique, il faut laisser passer quelque décennies pour être certain de la qualité d’une œuvre. Le temps reste un des plus puissants critères. Pour la précision et la clarté de la langue, lisez les traductions des anciens grecs, Platon, Aristote, Cicéron, ou plus près de nous Jean Cocteau ou Henri de Montherlant. Pour la subtilité et l’humour, ou le ton vif et cinglant, préférez Bernard Shaw, A.P. Herbert, Truman Capote, Gore Vidal. Pour la pureté et la force de la langue, tournez-vous vers Borges, Marguerite Yourcenar, Yukio Mishima. Pour la finesse et la séduction des mots, la dentelle verbale et le tricotage méticuleux de la phrase, voyez Yasunari Kawabata ou Thomas Mann. Pour l’énergie, l’élan vital, le courage : Hemingway, Klaus Mann, Hervé Guibert. Mais enfin, voyez par vous-même, et suivez votre chemin, votre vie, vos rencontres.

Ce ne sont là que quelques suggestions pour l’étude et l’élargissement de votre vocabulaire. Très peu de choses si vous y prenez goût. Mais évidemment, l’œuvre d’une vie. Bien maîtriser la prise de parole en public ou l’écriture, c’est un peu comme atteindre le satori chez les bouddhistes : l’affaire d’au moins une vie. On n’est jamais arrivé. On avance sur le chemin. Ce qui fait la richesse – et la joie – d’un tel cheminement, c’est que plus on avance, plus on élargit le cercle de ses connaissances, et plus, bien sûr, on devient humble : on réalise que l’horizon est beaucoup plus large, beaucoup plus vaste et beaucoup plus spacieux qu’on ne pouvait l’imaginer. Comme dans l’histoire des grenouilles qui ne connaissaient que leur mare, et pour qui l’océan, dont elles n’avaient qu’entendu parler, devait être une simple version élargie de leur univers. Une grosse mare, quoi !

En tout cas, le temps que vous consacrerez à la recherche et à l’étude des mots vous sera rendu de manière décuplée en termes d’efficacité et de développement personnel. N’allez pas imaginer en revanche qu’une bibliothèque immense est nécessaire. En fait, vous pouvez sans doute trouver tout ce dont vous avez besoin dans un seul volume de Shakespeare ou de Racine. Sélectionnez quelques mots chaque week-end et faites un effort pour les introduire dans votre conversation dans la semaine qui suit : c’est le meilleur moyen de les retenir. Au début, vous le ferez timidement, vous hésiterez, vous finirez par employer un bon vieux mot bien banal, mais peu à peu vous prendrez confiance et vous parviendrez sans peine à glisser un terme précis et adapté au moment choisi.

Une de mes amies dresse ainsi chaque dimanche une liste de sept mots nouveaux qu’elle décide d’intégrer à raison d’un par jour dans sa conversation au cours de la semaine qui suit. Un matin, je la croise dans un couloir de son entreprise où j’interviens comme consultant : « Christian ! me dit-elle. J’ai un problème ! Je suis en négociation avec un client important, je dois caser le mot « eschatologique », et je n’ai plus aucun idée de ce que cela veut dire… « Scatologique », j’ai bien intégré, mais là, je bloque. » Je lui explique qu’il s’agit de ce qui a trait à la vie après la mort, assez inquiet de la manière dont elle va pouvoir utiliser le terme. Nous déjeunons ensemble à midi. Je lui demande comment elle s’est finalement débrouillée pour placer son mot. « Je ne sais plus, me répond-elle. Je ne sais plus du tout. En tout cas, je l’ai fait ! » Je lui demande ce que ça a donné, quelle a été la réaction de son contact. « Ben, je crois que j’ai perdu le client. Il m’a prise pour une folle. »

Je vous déconseille d’utiliser de nouveaux mots directement dans un discours ou un article. Les risques de mauvaise prononciation risquent de faire hésiter votre esprit et d’éteindre involontairement votre voix, ou à l’écrit de vous faire employer le terme à mauvais escient. Pour éviter cette crainte, testez-les donc plutôt dans vos conversations, là où vous savez que vous ne prenez aucun risque. C’est quand vous les aurez véritablement intégrés, véritablement faits vôtres, qu’ils viendront naturellement sur vos lèvres dans vos interventions publiques ou sous votre plume. Là, vous aurez le sentiment d’un petit accomplissement, d’un modeste triomphe.

La lecture de biographies et d’autobiographies permet de découvrir le fonctionnement interne d’autres esprits que le vôtre. C’est un autre moyen de stimuler la pensée. Cela vous amène également à vous forger une philosophie de la vie qui constitue le fondement des discours, puisqu’un discours naturel trahit le caractère de l’orateur. Pour Cicéron, le parfait orateur est l’homme parfait. Platon pensait qu’on ne peut diriger les autres si l’on n’est pas capable de se maîtriser soi-même. Une idée que pourraient méditer nos politiques, s’ils prenaient le temps de lire. Le discours et l’écriture sont de bons moyens de tester sa capacité de maîtrise de soi.

On pourrait consacrer un volume entier à la sélection et au pouvoir des mots, si souvent utilisés à mauvais escient pour combler des vides, noyer une idée gênante ou tromper un public ou un lectorat. Leur but réel est de donner des ailes aptes à porter vos idées avec bienveillance et de la manière la plus directe possible, comme le vol des oiseaux, jusque dans les esprits et dans les cœurs de vos auditeurs et lecteurs. Utilisez-les avec sagesse et économie, assurez-vous de leur pertinence et restez en permanence conscient de leur pouvoir. L’argent est le symbole de la richesse matérielle. Les mots sont les symboles de la richesse d’esprit. « Je crois que l’esprit ne meurt pas. Il continue de brûler, comme un feu sous la cendre, et un vent soufflant d’ailleurs vient le ranimer[1] ».

Christian Soleil.


 

DESAPPROBATEUR

APPROBATEUR

1.       Général :

Mauvais, atroce, inefficace, monstrueux, futile…

Général :

Bon, efficace, convaincant, clair, grand, grandiose, excellent…

2.       Décrivant un discours désagréable :

Vague, imprécis, incohérent, monotone, morne, ennuyeux…

Décrivant un discours agréable :

Beau, coloré, expressif, sympathique, audible, enjoué…

3.       Décrivant un discours irritant :

Inaudible, hésitant, verbeux, inadapté, laborieux, inconséquent…

Décrivant un discours compréhensible :

Lucide, concis, informatif, direct, convaincant, logique…

4.       Décrivant un discours blessant :

Sardonique, amer, ironique, agressif, malicieux…

Décrivant un discours inspirant :

Dynamique, stimulant, entraînant, émouvant, puissant, lumineux…

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